La cité maya d’Uxmal, située à environ 62 km au sud-ouest de Mérida, est un des plus beaux sites archéologiques de la péninsule. Issue de la période classique tardive, elle a été fondée vers l’an 700 et illustre magnifiquement la sophistication qu’avait alors atteint l’architecture maya de la région de Puuc. Ses structures richement décorées de motifs symboliques et ornées de sculptures représentant Chaac, le dieu de la pluie, nous rappellent que celui-ci était essentiel à ses habitants. En effet, elle avait été établie dans une zone fertile mais alors peu peuplée car la nappe phréatique y est profonde et rend difficile l’accès à l’eau. Une telle concentration d’humains n’était donc possible que grâce à leur capacité d’établir un réseau complexe de citernes (chultunoob) qui permettait de recueillir les précipitations.
Au cours de sa brève histoire, Uxmal se transforma progressivement d’une ville campagnarde en un centre politico-administratif qui compta jusqu’à 25,000 habitants. Ses constructions furent édifiées entre 700 et 1000 de notre ère. Contrairement à la plupart des villes précolombiennes, le plan d’Uxmal n’est pas géométrique. Son espace est organisé en fonction de phénomènes astronomiques comme le lever et le coucher de Vénus ainsi que de la topographie du terrain, composé de nombreuses collines.
La principale caractéristique de l’architecture Puuc est la division des façades des édifices en deux éléments horizontaux. La partie inférieure est simple et composée de blocs soigneusement érigés dont seuls quelques passages viennent rompre la linéarité. En revanche, la partie supérieure est richement décorée de motifs symboliques de style fortement plastique. Les blocs individuels forment une sorte de mosaïque. Les portes et les angles de la partie supérieure sont chargés de sculptures qui représentent quasi invariablement la tête de Chaac. La pyramide du Devin, ainsi nommée par les Espagnols, domine l’espace des cérémonies qui est composé de bâtiments d’une architecture soignée et abondamment ornementée de sculptures. Les sites cérémoniels d’Uxmal et de ses villes associées, Kabáh, Labná et Sayil constituent ainsi l’apogée de l’art et de l’architecture mayas.
L’existence d’un mur d’enceinte suggère une situation de conflit qui était probablement due à la montée en puissance d’autres centres urbains qui finirent par contester la domination qu’exerçait Uxmal sur la région. Uxmal fut abandonnée par ses habitants après le Xe siècle et devint un simple lieu de pèlerinage jusqu’à la conquête espagnole.
Les restaurations qui y ont été effectuées ont soigneusement respecté et incorporé les matériaux d’origine ainsi que fait usage de ressources technologiques avancées afin de préserver la majesté originale des édifices et en assurer la précision structurelle et décorative. Cela fait d’Uxmal un site d’une grande authenticité historique et son ensemble est un vrai régal pour l’œil du visiteur.
